Voilà, la chine c’est terminé pour moi et logiquement se termine aussi mon blog…
J’ai beau adorer vivre à Suzhou, il n’est plus raisonnable de rester ici dans de telles conditions… J’en ai assez de ne pas trouver un véritable emploi accompagné d’un véritable salaire. Pourtant Dieu seul sait (si jamais il existe) que j’aime cette ville, mais pas au point d’accepter d’être payé/exploité comme un chinois moyen.
A Suzhou, dans la vieille ville, j’avais trouvé un refuge, un petit coin de paradis, 14km2 ou je me sentais bien et heureux… Ce genre d’endroit est rare sur cette terre, avant d’arriver ici par hasard en 2005, il n’y avait qu’en Islande ou je me suis senti aussi bien.
Les gens dans mon quartier étaient simples et vivaient simplement, loin des tours modernes de SIP ou SND ou les nouveaux riches chinois consomment frénétiquement et fanatiquement, ou ils ont abandonner leurs vélo et E-bike pour des voitures polluantes qu’ils utilisent systématiquement même si ce n’est que pour faire moins d'1km, tout ça pour une histoire de face… Ces derniers temps lorsqu’il m’arrivait de m’y rendre, je m’y sentais très mal à l’aise…j’avais l’impression d’être dans un autre pays ou une autre ville. Car même les riches dans la vieille ville se la jouent discret…Ce que je veux dire, c'est qu'en vivant dans la vielle ville, je n'avais jamais besoin d'aller très loin pour me rappeler à quel point je suis déjà privilégié et je vivais loin de la tentation de m'acheter du "bien être matériel" qui au final est tellement futile et inutile... ALors qu'en vivant dans SIP, tout est déjà beaucoup plus cher que dans la vieille ville, il n'y a pas grand chose à faire à part trainer dans les malls commerciaux ou tout est fait pour nous poussez à consommer. On lorgne sur la richesse de ses voisins et on finit par les envier, comme me l'a confié un ami chinois... Oui ce séjour en Chine m'aura aussi montré les excès de notre société de consommation.
Preuve de mon intégration, pas mal de commerçants de ma rue ou de mon quartier me connaissaient, m'appelaient par mon nom chinois, certains me faisaient même exceptionnellement crédit, d'autres très honnêtes me rendaient la différence de monnaie lors de ma prochaine visite lorsqu'ils se rendaient compte qu'ils avaient fait une erreur, et beaucoup prenaient le temps de faire un peu de causette.
Rentrer en France n’aura jamais été aussi douloureux, Suzhou à la longue était devenue mon chez moi, faisait parti de moi, tout comme je faisais parti de Suzhou, c’est donc une part de moi que je dois arracher et laisser derrière moi.
Ma vie ici va terriblement me manquer, encore plus après ces derniers mois qui ont été très intenses à tous les niveaux…
Petite liste de ce qui va me manquer :
- -La vieille ville de Suzhou et le district de Pingjiang
- -Tous mes amis chinois ou étranger ici
- -Mon appart à shilinyuan « le Suzhou Palace »
- -Mon Scooter électrique et les montées d’adrélanine que provoque la conduite en Chine.
- -Mixer et voir le club et le public s’enflammer en fonction de la musique que je passe
- -Les filles et leur regard (et pas que les chinoises)
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-Traverser un Guan qian jie désert d’ouest en Est à fond en scooter aux lueurs du jour, alors que c’est strictement interdit, bref rouler les cheveux dans le vent, à la chinoise sans aucun respect du code de la route…
- - Prendre mon petit déjeuner sur ma terrasse à regarder le soleil se lever et mes bonzaïs pousser
- -Mes bonzaïs
- -La nourriture chinoise, certains plats que je ne pourrais pas retrouver en France vont me manquer et autres restaurants pas cher.
- -Mes grand-mères chinoises du kedi de ma rue, qui m’apprenaient à parler le dialecte de Suzhou.
- -Tellement d’autres choses…
Il n’y a guère que certaines mauvaises habitudes chinoises, comme par exemple leur arrogance croissante, leur façon de conduire, leur manque d’hygiène et de civisme et autres trucs comme la censure du net et de l’info qui ne vont pas me manquer… Quoi que la censure de l’info a parfois du bon, cela permet d’avoir des bonnes nouvelles en premières pages des journaux et en titres des journaux télévisés et de créer un certain optimisme ambiant, pas comme en France ou on a presque envie de se suicider après avoir regarder le journal de 20H. La météo (Très chaud et très humide l'été et froid et très humide l'hivers), la mauvaise qualité de l’air et de l’environnement, même si à Suzhou on n’est pas les plus à plaindre, ne vont pas me manquer non plus.
Tout comme le fait qu’il est très difficile de faire confiance à des chinois, au bout de 5 ans, j’avais toute confiance en mes amis islandais, j’aurais confier ma vie entre leur mains sans problème, et bien au bout de 5 ans, je ne peux malheureusement pas en dire autant de tous mes amis chinois. En affaires, je dirais que c’est tout simplement trop risqué de leur faire confiance, la tentation de nous enculer est trop forte, ils ne peuvent y résister, même si ça leur fera du tord par la suite, cela vient du fait qu’il n’arrive pas souvent à penser sur le long terme. « les chinois en ont une petite, mais ils vous la mettent bien profond… »
Même si il existe des chinois d’une grande honnêteté, mais attention, ils sont rares, si vous avez la chance d’en trouver, faite en sorte de garder de bonnes relations avec eux. À titre personnel , mes amis chinois en qui j’ai une entière confiance, je les comptes sur les doigts d’une seule main.
Et c’est pour cette principale raison, que j’ai bien envie de tourner définitivement la page Chine.
Sur la vie que j’ai mené ces 6 derniers mois, bon oui j’avoue ce ne fut pas vraiment toujours très moral, le monde de la nuit est fait ainsi, mais je n’ai absolument aucun regret, même si je suis content d'en être sorti.
En fait je crois que chaque homme devrait vivre une expérience similaire avant de vraiment se caser, ça éviterait beaucoup de divorce par la suite je pense… Beaucoup d’expats ou de chinois dépensent pas mal chaque weekend, pour se genre de sensations « get High », alcool musique, filles… alors que moi j’étais payé pour vivre ça… (enfin sauf l'alcool, même si j'acceptais un verre de temps à autre, moi j'étais là pour travailler, pas pour me bousiller la santé avec de l'alcool à l'origine douteuse; j'avoue même qu'à force de voir cette consommation d'alcool effrénée au quotidien, ça fait sérieusement réfléchir... D'ailleurs je ne bois quasiment plus une goutte d'alcool depuis.)
Certains Expats m’ont avoué envier mon style de vie (je pense qu’en réalité ils enviaient particulièrement mes fréquentations et surtout la certitude que ces filles, en plus d’être belles, n’en avaient pas après mon argent, vu qu'elles savaient que j'étais DJ, alors qu’eux ne pouvaient pas en être aussi sur). Tandis que moi j’enviais leur stabilité et leurs revenues, comme quoi l’herbe est toujours plus verte ailleurs. N’est-ce pas le propre de l’être humain que de n’être jamais satisfait et de toujours envier ses voisins ?
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C’est difficile de résumer un long séjour en Chine en quelques phrases, je n’ai pas de regret à être venu en Chine, j’ai appris énormément sur ce pays, sa culture et sur moi-même. Je pense avoir maintenant une certaine idée de la façon dont pensent les chinois, même si beaucoup d’entre eux refuseront d’admettre qu’un laowai en soit capable ; ça aussi ça me fera toujours rigoler, eux peuvent nous comprendre mais nous on ne peut pas... J'ai fait mon maximum pour m'intégrer en me fondant dans la masse sachant que c'est mission impossible, un blanc ne pourra jamais être chinois. Dans le meilleur des cas on ne pourra qu'être Zhongguo Tong et c'est déjà beaucoup; ou encore, Suzhou Tong dans mon cas, car je pense maintenant pouvoir affirmer sans trop me vanter que peu d'expats connaissent cette ville aussi bien que je la connais.
Sur ces années en Chine, si je ne devais avoir qu’un seul regret, et bien c’est elle :
Oui encore et toujours elle, je regrette d’avoir croiser son regard un jour d’automne 2005, parce que depuis notre rupture, elle a laissé un vide dans mon cœur qu’une autre fille n’est pas prêt de pouvoir combler et une cicatrice que le temps ne semble pas être capable de refermer… Même si j'ai fini par m'attacher à quelqu'un d'autre, j’ai l’amer sentiment d’avoir trouvé l’amour de ma vie, de l’avoir laissé passer et ne rien pouvoir y faire pour le récupérer. Cette fille avait le don extraordinaire de me comprendre mieux que ma propre mère et d’un simple regard d’être capable de deviner chacune de mes pensées, même les plus intimes.
Désormais, je ne sais absolument pas ce que me réserve la suite… J’ai beau essayer de me réjouir de rentrer en France, je n’y parviens pas. Les seuls avantages que je vois à rentrer sont de retrouver ma famille, les très rares amis qu’il me reste, la nourriture française, respirer un air pure et boire une eau de meilleure qualité… espérer trouver un boulot avec un salaire « décent » et bénéficier d’une vrai couverture sociale... et… heu….attendez je réfléchis... Bah… en fait... hum… voilà c’est tout.
Bref, ça ne pèse pas lourd dans la balance comparé à tout ce que je laisse derrière moi en Chine, ici la vie était malgré tout, simple et agréable.
Il y avait une voix dans ma tête qui ne cessait de répéter que je devrais envoyer tout valser, continuer de mixer et de profiter au maximum de la vie, quitte à mourir jeune d’une mort violente et tragique… J’ai préféré écouter la voix de la sagesse et j’espère ne pas le regretter par la suite. De toute façon je savais dès le départ que cette "période DJ" n’était que provisoire et j’ai donc fait le maximum pour garder les pieds sur terre et en profiter à fond.
Cependant je ne me fais pas d’illusion sur ce qui m’attend, je sais très bien que je ne retrouverais jamais une vie aussi exaltante en France, vivre en Chine au milieu des chinois apportait ce petit piquant parfum d’exotisme qui rend les journées intéressante et fait de chaque jour qui passe une nouvelle aventure à l’issue incertaine.
Je vais retomber dans la banalité la plus profonde de mon petit patelin de Bretagne, je serai de nouveau un français parmi tant d’autre en France et plus “Julien de Suzhou” ou alias 朱利安 pour les chinois. Le coin a beau être joli, je m’y suis toujours ennuyé à mourir, rêvant d’horizon lointains et d’exotisme en attendant le prochain départ pour enfin revivre de nouveau, comme bon nombre de générations de voyageurs Bretons avant moi.
La France est un beau pays où il fait plutôt bon vivre, même si c’est de plus en plus difficile, surtout pour les jeunes. Ce qui m'exaspère avant tout c'est le pessimisme ambiant des français, on a tout pour réussir, mais on ne sait que se plaindre comme les enfants pourris gâtés que nous sommes... Bref ce pays n’est pas fait pour moi. J’ai ce besoin vital d’être à l’étranger, dans une autre culture et que les gens parlent une autre langue autour de moi, pour me sentir exister. Du coup la question que je me pose est combien de temps vais-je pouvoir rester avant de repartir et quelle sera ma prochaine destination, car je ne suis pas certains pour le moment de revenir en Chine et encore moins à Suzhou, je crois que j’ai malheureusement expiré mon quota de chance de faire mon trou ici (mais bon, ne jamais dire jamais).
J’espère au moins que certains d’entre vous ont apprécié me suivre et me lire, que d’autres ont trouvé des infos utiles sur Suzhou ou la Chine, comme ça ce blog n’aura pas été inutile. Moi de mon coté ce blog m’a permis de me défouler, d'écrire mes pensées et émotions à des instants T de ma vie et ainsi faire le vide quand j'en avais besoin et rencontrer quelques personnes sympas que je compte désormais parmi mes amis.
C’est ainsi que, 10 jours après être rentré en France, se terminent « les aventures de Julien en Chine ».
Qui vivra verra !