Première semaine de stage chez Shanghai FleetGuard :
Lundi 16 mai 2005 : prise de contact
N’ayant qu’une idée approximative de la position géographique de mon entreprise, et ne comprenant strictement rien à rien au réseau de bus local, (tout en chinois et aucun plan)
Je décide de ne pas prendre de risque et de prendre un taxi.
Mon dieu, je n’ai jamais vu une ville aussi polluée de ma vie! L’air y est difficilement respirable, et l’atmosphère très lourde et humide. Le chauffeur me semble m’indiquer qu’aujourd’hui ce n’est pas trop mal niveau chaleur et pollution; le pire reste donc devant moi.
Cette ballade de 45 minutes en taxi aura confirmé mes doutes concernant la démence architectural de cette ville, je quitte désormais le quartier des immenses grattes ciel pour une zone plus résidentielle à l’architecture pas moins délirante, je me trouve dans une sorte de Paris version Haussmann moderne, puis quelques centaines de mètres plus loin à Saint-Pétersbourg, c’est tout simplement hallucinant.
Le taxi me dépose devant l’une des entrées de Shanghai Fleetguard, je règle la course, 45 yuans, je ne pourrais pas me permettre de venir en taxi tous les jours. Le garde de cette entrée est surpris de me voir et s’empresse de m’intercepter, je lui montre ma lettre d’invitation, il semble rassuré et m’indique la direction de l’accueil.
La fille à la réception est probablement la plus charmante chinoise que j’ai vu depuis mon arrivée, elle est tout simplement magnifique et m’accueil avec un immense sourire, je suis fasciné et tombe immédiatement sous le charme. Cependant, elle ne parle pas anglais, je trouve que ça fait désordre pour société à moitié américaine, d’ailleurs ça fait drôle de voir le drapeau américain flotter à coté de celui de la Chine communiste.
Je lui explique donc en chinois que je viens pour rencontrer le manager, elle me répond qu’il est actuellement dans l’usine avec un client et me prie de bien vouloir attendre un moment, toujours avec son beau sourire.
Je patienta donc 20 ou 25 minutes environ, avant de voir un américain un peu gros, enfin il avait une tête d’américain quoi; accompagné par un chinois, pas très grand et très mince.
Je m’apprête à aller saluer l’américain, lorsque le chinois, s’avance et me dit « Hi Julien, nice to meet you, how are you? » et me serre la main énergiquement. Je comprend donc ma méprise et répond le plus poliment possible, cependant un terrible doute m’envahi.
Il me fera patienter 5 minutes de plus avant de revenir me chercher et m’accueillir dans son bureau, il a l’air très sympathique mais plutôt débordé aussi. C’est donc bien un chinois malgré le fait qu’il est un nom américain. Il commence par me questionner afin de savoir si j’ai pu trouver un logement, je le rassure à ce niveau et lui parle de mes plus grosses priorités du moment: l’enregistrement au commissariat de police et mon visa.
Il confirme que je dois m’enregistrer le plus tôt possible, sans dire que je travail pour eux tant que mon visa n’est pas régularisé. Justement concernant mon visa, la situation semble plus compliqué que prévu, les ministères chinois semblent en effet rechigner pas mal en ce moment concernant l’attribution de permis de travail; il me confit que cela dépend des périodes. Il me propose donc de voir avec ma future université, Suzhou, la possibilité d’obtenir directement un visa d’étude. Il en profite au passage pour me présenter quelques membres clés de l’équipe tel que le directeur des ressources humaines qui ne parle pas anglais, celui du recherche et développement qui le parle plutôt bien apparemment et une secrétaire anglophone mais le parlant moins bien, qui sera charger de m’aider. Pour débuter je travaillerais au « tech and engineering departement » sous la responsabilité de Xu Hui.
Mon doute viens de se confirmer, je serais le seul occidental à travailler ici et avec une majorité de personne ne parlant pas anglais en plus; je sent que ça va être le pied! Au moins je vais progresser en chinois c’est déjà ça, mais je devine déjà que la communication ne va pas être simple, il risque d’y avoir beaucoup de confusion dans l’air d’un coté comme de l’autre.
Je ne resterai pas longtemps les personnes clés doivent s’absenter, on me pris donc après avoir m’indiquer les lignes de bus à emprunter de bien vouloir revenir demain. A l’arrêt de bus, les chinois ne cessent de me regarder, en particulier un groupe de jeunes filles, il ne doit pas avoir beaucoup d’étrangers à circuler dans cette partie de la ville. Durant le trajet du retour je traverse des quartiers anciens en démolition, certains n’ont pas encore été finis d’être démolit que déjà des buildings sortent de terre.
Je dormis tout le reste de l’après midi, vu que la nuit précédente fut blanche, je ne pouvais trouver sommeil à cause du décalage horaire. Le soir après avoir longtemps cherché parmi les signes chinois (pas facile de se repérer) du menu d’un restaurant, un aliment connu, on finit par commander un poulet au curie, mais c’est loin de ce que je m’imaginais, je suis plutôt déçu. Sur le chemin du retour, Fred et moi se laissons tenté par un magasin de cd et dvd, biensur la majorité est des copies mais bon à 70 centimes d’euro l’unité, on peut bien fermer les yeux...
Mardi 17 mai 2005 : début sur les chapeaux de roues
Cette nuit j’ai bien dormi, il m’aura fallu 4 jours pour absorber le décalage horaire, cependant je ne serrais pas à l’heure ce matin au travail, pour cause nous avons rendez-vous avec le propriétaire de l’appart pour nous faire enregistrer au commissariat de police. Sur le trajet je découvre une partie du quartier bien sympathique car plus traditionnel, que je ne connaissais pas encore. Des personnes âgées font leur « tai-chi » dans une parc sur de la musique chinoise. Il est 8h10 lorsque nous arrivons à proximité du commissariat, le propriétaire nous montre un contrat qui ne semble pas être celui que nous avons signé, ils ont déjà imité la signature de Fred mais la mienne leur semble inimitable et ils voudraient donc que je le signe, pas très rassuré, je leur demande pourquoi. Ca n’a pas été facile de comprendre que ce faux contrat leur permettait de payer moins de taxes, le prix sur ce contrat est effectivement plus bas, j’accepte de signer.
On entre au commissariat, un agent nous oriente vers le bureau concerné.
La discussion entre le propriétaire et l’agent de police, ne semble pas bien se passer, pour une raison qui nous échappe, le ton monte, ils en viennent presque à se crier dessus.
Après avoir complété un formulaire, on confie nos passeports à l’agent, celui-ci entame une longue et minutieuse vérification et complète d’autres formulaires.
Durant ce temps j’informe mon supérieur hiérarchique Xu Hui que je ne serais donc pas au travail ce matin car je compte aussi me rendre au consulat de France.
De retour à l’appart vers 9h15, Fred me prévient que je ferais mieux de les appeler avant, car lorsqu’il avait voulu leur rendre visite durant les supposés heures d’ouverture, ils était fermés.
Je les appelle donc et tombe sur un répondeur, pas moyen d'avoir quelqu'un au téléphone, saloperie de feignasse de fonctionnaires!!!
Entre temps je reçois un message de Xu Hui me demandant de venir au plus vite à la boite car il part en déplacement cet après midi et voudrait absolument me parler avant.
Je m’exécute donc et saute dans le premier bus en direction de Shanghai FleetGuard, seulement je me plante d’arrêt et me retrouve perdu dans les fin fonds de la banlieue de Shanghai.
Tic tac l’heure tourne, je ne peux pas me permettre de faire mauvaise impression dès le départ, je compte revenir sur mes pas à pied mes des taxi-motos me disent que je suis très loin et que j’en aurais pour des heures, il me semble malheuresement qu’ils ont raison. Et hop c’est parti pour une chevauché en moto, les cheveux au vent, à fond la caisse zigzaguant au milieu de la circulation. 20 minutes et 50 yuans plus tard je suis enfin arrivé à bon port, la fille de l’accueil me salue avec son grand sourire habituel et tente de me faire un peu la conversation, j’aurais bien aimé rester mais le devoir m’appelle.
En me voyant arriver Xu Hui semble soulagé et commence à m’expliquer la situation.
Un fournisseur français peu coopératif tarde à envoyer un devis et les cotations d’une partie du système de prise d’air de la Peugeot 307 chinoise. Xu Hui m’informe que Peugeot attend une réponse pour ce soir et qu’en cas d’échec le contrat risque de nous passer sous le nez.
Il me confie le dossier, me souhaite bonne chance et s’en va; ça commence très fort!!!
Je me met à la tache immédiatement et commence à étudier le dossier. Je devrais cependant patienter avant de passer à l’action pour cause de décalage horaire, tout le monde dort à cette heure ci en France. C’est l’heure du déjeuner, certains collègues chinois font preuve de gentillesse et d’attention à mon égard plus que les autres et m’invitent à leur table.
La nourriture est vraiment pas terrible voir dégueulasse. La conversation démarre, on commence à parler de foot, de la cuisine française, de Paris, du climat, un peu de géographie...
Nous avons qu’une demi heure de pause à midi, ça passe très vite, il est déjà temps retourner travailler.
Mes horaires seront 8H-11H30 12H-16H30, tous les jours sauf le samedi et dimanche. Ca me parait peu soutenu comme rythme pour la Chine, je m’attendais à bien pire que ça, même en Islande je travaillais d’avantage!
Les conditions de travail sont très particulières à mon goût, tous les différents départements à l’exception du « sales and marketing » sont regroupés dans la même pièce. Les boxes constituant les bureaux sont minuscule, on a vraiment aucune intimité pour travailler; l’ambiance de travail est aussi déstabilisante, je me croirais à la cantine, les gens se lèvent, discutent à haute voix avec d’autres, il y a une sorte de brouhaha constant, c’est difficile de se concentrer dans de telle condition. Encore plus surprenant, les gens ont un bureau attitré mais semblent le switcher plusieurs fois au cour de la journée, ce qui fait que j’ai des voisins attitrés et d’autres qui sont là provisoirement. Idem avec le téléphone, les appels ne semblent jamais aboutir à la bonne personne, ils semblent jouer à une sorte de ping-pong téléphonique, ils se balancent et re-balancent les appels, voir même les téléphones à longueur de journée.
En attendant que la France se réveille, j’attaque la traduction de documents envoyés en français par Peugeot, le premier de la liste ne semble pas trop difficile, 2 ou 3 jours tout au plus devraient me suffire.
Il est enfin l’heure de passer à l’attaque et d’aller secouer ce fournisseur français, Banzaï!!! Ici les bureaux ferment dans une demi heure, ça me laisse peut de temps pour marquer des points. La première personne sur la quelle je tombe au téléphone est particulièrement incompétente, elle parvient tout juste à me dire que la personne que je cherche à joindre est en réunion et semble incapable de me diriger vers un service qui pourrait m’aider. Je laisse donc tomber et appelle le numéro du secrétariat de cette société, après m’être fait baladé de services en services, je tombe enfin sur une personne qui a l’air au courant de ce qui se passe, elle me confirme que le manager est réunion car ils auraient des problèmes avec un client...
Je lui dis que si ils ne nous fournissaient pas rapidement le devis demandé il y quelque temps déjà, ils risqueraient d’avoir des problèmes avec un autre client.
Après avoir interrogée d’autres personnes autour d’elle, elle me confie qu’ils ne sont plus en mesure de fournir les pièces demandées, je n’y crois pas, quelle perte de temps! Je crois que j’ai fait le bon choix en ne souhaitant pas travailler en France ou en relation avec la France dans le futur...
Il me faut donc trouver dans l’urgence un autre fournisseur, la fille au téléphone m’a tout de même donné le contact d’une entreprise en Corée du Sud. Seulement avec le décalage horaire ils sont déjà fermé, il faut donc remettre ça à demain, pas facile de travailler à une échelle mondiale!
Il me faut donc contacter Peugeot et essayer d’obtenir un délai supplémentaire, ceux-ci m’accordent jusqu'à vendredi. Les collègues chinois me disent de pas trop m’inquiéter et m’invite à rentrer chez moi, il est déjà 17h15, il me semble que je les ai peut-être secouer un peu aujourd’hui avec ce dossier, au moins ils auront vu à qui il ont faire car même si je suis peu payer je suis pas là pour faire de la figuration.
Certains s’étonnent que je prenne le bus, et me demande pourquoi je ne rentre pas en taxi, j’essaye de leur expliquer que je suis étudiant et financièrement limité et qu’ils sont sûrement plus riches que moi; du fait que je sois occidental cela leur semble impossible à croire.
1H plus tard je rejoins Fred et Cédric dans un cyber-café au 10ème étage d’un des grattes ciel du cœur de Pudong, j’en profite pour envoyer quelques emails. Puis nous commençons à planifier la soirée, LiWei et sa cousine nous rejoignent, après avoir beaucoup entendu parler d’elle je la rencontre enfin. Elle est plutôt un bon parti comme on dit, elle est plutôt jolie, elle ressemble beaucoup à copine mi-chinoise mi-laotienne qui doit intégrer l’ISUGA l’année prochaine (elle se reconnaîtra). Elle serait une styliste renommée qui se permet de quitter un boulot en or dès que quelque chose ne lui convient pas, son père serait gouverneur d’une province du nord de la Chine...Le seul hic est qu’elle a déjà 27 ans. Cela n’empêche qu’elle a l’air fort sympathique.
Le plan pour ce soir serait d’abord d’aller se faire masser, puis dîner et enfin aller voir le dernier épisode de StarWars, mais vu l’heure avancée, cela semble impossible de tout faire.
On opte donc pour le massage, Fred décide d’aller se faire couper les cheveux, de toute manière il n’y avait pas assez de masseuses... Les filles sont conviées dans une pièce, moi et Cédric dans une autre. Il obtient la plus jolie masseuse des deux, mais elle s’avéra être aussi la plus bavarde et la moins consentieuse des deux. On apprend qu’elle viennent de la province du Houbei, Cédric m’informe que les Shanghaiens sont trop fier pour faire des métiers qu’ils jugent dégradant, c’est vrai qu’ils ont l’air super fier, du moins pour ceux que j’ai rencontré jusqu'à présent et une en particulière (elle se reconnaîtra aussi).
Je suis très surpris, on garde la chemise pour le massage, Cédric m’informe également que dans les établissements sérieux cela se passe ainsi et que si je voulais faire un massage sans chemise il a des fortes chances pour que ça aille plus loin qu’un simple massage...
On se fait masser de la tête au pied suivant des points et un ordre précis, cela aurait une influence sur le corps et l’esprit selon la médecine chinoise traditionnelle...
Les filles sont curieuses et nous demande beaucoup de choses, comme si on a une copine par exemple...Elles semblent intéressées aussi.
Je suis un peu déçu, c’est loin de ce que je pensais, mais pour une heure à 3 euros je ne vais pas me plaindre!
Il est déjà tard, on s’arrête en chemin acheter quelques Dvds puis chacun rentre chez soi.
Mercredi 18 mai 2005 : première journée complète
Ce matin j’ai fait des progrès, je me suis planté d’un arrêt seulement, j’ai pu terminer le trajet à pied. J’oubliais de préciser que chaque matin je dois montrer mon badge au poste de sécurité,
J’ai le droit à garde à vous avec certains gardes. Aujourd’hui je décide de mettre le paquet d’achever ma première traduction, et également de contacter les coréens étant donné que mes collègues n’ont pas assez confiance dans leur anglais pour se risquer à ce genre d’exercice.
Le repas du midi est toujours aussi peu terrible. Ils nous restent encore 10 minutes de pose, je m’assoie avec des collègues sur l’herbe à coté du bassin décorant le petit parc de la société et tente de nourrir les énormes poissons rouges et poissons chats, ils n’ont pas l’air d’apprécier la cuisine chinoise n’ont plus. En remontant vers les bureaux, la fille de l’accueil profite d’avoir des chinois parlant un peu anglais avec moi pour me poser tout un tas de question, j’apprend donc qu’elle s’appelle Chen Wei, elle a l’air très sympa malgré que la communication ne soit pas facile, les chinois me demandent ce que j’ai de prévu pour ce weekend, ils voudraient me faire visiter la ville, je leur répond poliment que j’aimerais bien mais probablement le weekend d’après. Je me concentre sur mon travail durant l’après midi, la journée s’achève, j’ai fini ma traduction mais je n’ai toujours pas de nouvelles de mes coréens, ça commence à m’agacer sérieusement.
Sur le trajet du retour je compris pourquoi les étrangers ne sont pas autoriser à conduire en Chine, on deviendrais tous cinglés!!! La circulation est complètement anarchique et chaotique, ça double dans tous les sens, les bus, les camions, taxis, et véhicules se livrent une véritable bataille pour gagner quelques places, ils klaxonnent constamment, s’imposent jusqu'à presque percuter les autres véhicules, changent de files s’en arrêt et à chaque croisement vient se mêler en plus un flot de vélos, scooters, motos et piétons. Je n’ai jamais vu une tel chao! Conduire ici doit être sportif, un vrai parcours du combattant et il ne faut vraiment pas avoir peur...
En comparaison, les parisiens ont l’air de conducteurs modèle et de ce qui y a plus de civilisé au volant!
De retour à l’appart, j’attends que Fred rentre du boulot pour aller faire quelques courses, il y a des tas de produits bizarres qui dépassaient mon imagination, mais je ne suis pas encore prêt à tout essayer. Presque tout l’électronique et certains articles de luxes sont au même prix qu’en France.
Nous rejoignons après Cédric, LiWei et sa cousine pour aller dîner dans un restaurant chic. Lorsque je vois les personnes constituant la file d’attente, je conçois effectivement la dimension de l’endroit, il y a beaucoup de chinois au profil bourgeois ou businessman accompagnés de jeunes et jolies shanghaiennes habillées très classe; mais aussi quelques expats vieux ou au physique pas très attrayant également accompagné par de jeunes et jolies chinoises. LiWei et sa cousine me confient que les chinois sont un peu racistes, ils ne supportent pas les noirs ni les indiens... Une connaissance indienne de Cédric avait voulu s’incruster au dîner, les filles avaient répondu que c’était soit elles soit lui
Pour la première depuis mon arrivée je prendrais réellement du plaisir à manger, LiWei a commandé une multitude de plats et nous nous goinfrons et nous régalons dans une atmosphère de joie et de bonne humeur. Ce festin de roi m’aura coûté 5 euros.
Nous finissons la soirée dans une salle d’arcade à la japonaise, avec une multitude de jeux bien débile dont le must du must: un simulateur de promenade de chien!!!
Après beaucoup de fou rire, la soirée s’achève et nous nous séparons.
Jeudi 19 mai
C’est bizarre, je n’ai pas l’impression d’avoir vu le soleil, ni de ciel bleu depuis mon arrivé, serait ce à cause de la pollution? Je ne sais toujours pas distinguer le nord du sud, cela me préoccupe. Mais cette fois ci, pas d’erreur, je descends au bon arrêt de bus. Je suis à l’heure mais la plus part des chinois sont déjà au boulot. Les coréens ont enfin donné signe de vie, et semble ravis qu’on s’intéresse à eux, cependant ils voudraient avoir des plans supplémentaires, je demande à un ingénieur de me les fournir et les leur expédie aussitôt.
Ils me répondent que j’aurais mon devis dans 3 jours; les cons! Je dois donner une réponse à Peugeot demain, je leur avais pourtant expliqué l’urgence de la situation; je leur renvoie un mail pour leur re-expliquer et leur demander de se presser un peu.
Je commence à regarder les autres traductions, je suis effaré, elles sont beaucoup trop techniques et me dépassent de loin! Cette matinée sera également marquée par l’arrivée de 3 cow-boys du Tennessee, il est vrai que je travaille pour une société américaine aussi.
Ceux-ci semblent très surpris mais ravis de ma présence, ils viennent immédiatement me saluer, mais leur engouement disparais aussi tôt lorsqu’ils apprennent que je suis français et me prennent pour un fou lorsque je leur annonce la durée de mon séjour.
Ils sont là pour superviser, l’installation d’une nouvelle ligne de production. Moi je suis déçu aussi de savoir que je ne serais pas dans le coup, cela me semblait accessible avec les compétences techniques acquises au cour de mon BTS.
La matinée s’achève et pour une fois le repas n’est pas mauvais, mais inutile de me demander ce que je mange je n’en ai pas la moindre idée et ne préfère pas le savoir!
La demi-heure de pause déjà terminée je m’apprête donc à remonter travailler. Chen Wei, la fille de l’accueil essaye de me faire parler un peu, les chinois sont assez stupéfaits de mes progrès quotidien, même si je n’ai pas toujours été très attentif en cours cette année, mon subconscient semble avoir malgré tout enregistré beaucoup et me restitue un peu plus d’informations chaque jour. ( juste au passage, mon ordinateur m’inquiète de plus en plus, il chauffe énormément et rame beaucoup, j’espère qu’il ne me lâchera pas durant ces 8 mois, sinon je suis vraiment très mal)
Un peu plus tard un chinois viendra me dire qu’elle voudrait m’offrir un petit cadeau, et qu’elle me demande ma permission...Depuis quand il faut une permission pour offrir un cadeau? Ils sont fous ces chinois! Bien évidement j’accepte, je ne voudrais surtout pas la vexer.
La journée s’achève, après une heure de trajet dans un bus ultra bondé et dans la circulation chaotique habituelle je suis enfin arrivé à la maison. Il y a un détail intéressant concernant les bus que je n’ai pas encore raconté, chaque bus embarque une vendeuse de ticket en plus du chauffeur, elle a son petit bureau au niveau de la porte arrière du bus, elle se déplace au milieu des gens pour récupérer l’argent et annonce les arrêts en tapant par la fenêtre sur l’extérieur du bus à l’aide d’un petit drapeau rouge et parfois tape aussi avec son drapeau pour assister les coup de klaxon du chauffeur qui cherche à se frayer un chemin dans cette circulation infernale. Il y a une multitude de tickets différents, de toutes sortes de couleurs, je paye toujours 2 yuans et ai droit à un ticket vert, je ne sais pas si c’est le bon ou pas ni à quoi il correspond, j’ai essayer de me renseigner mais je n’ai rien compris aux explications, je laisse tomber pour le moment. Parlons aussi maintenant de la stratégie chinoise de prise de place, chaque chinois s’accroche à siège comme il miserait sur un cheval de course, en espérant que son occupant le libère au plus vite, c’est une véritable mêlé, dès qu’un siège se libère, ils se ruent tous dessus, le plus rapide gagne, c’est une sorte de chaise musicale en fait. Certains prendrons même le risque de perdre leur siège actuel pour en avoir un mieux...
Ce soir Fred et moi décidons d’essayer un restaurant de spécialité du Sichuan situé en face de chez nous, la déco y est très chic et les serveuses très jolie dans leur tenues traditionnelles colorées. Elles semblent pressées de vouloir nous faire commander. Je repère rapidement un plat a base de mouton qui à l’air apetissant, une des serveuses m’informe que c’est épicé. Ca tombe bien, j’aime bien ce qui est épicé; Fred a plus de mal à se décider, il opte finalement pour un plat de poulet préparé dans une tige de bambou.
Une des serveuses revient me voir pour me dire que le plat que j’ai choisi est vraiment très épicé, ils me prennent pour une mauviette ou quoi? Je confirme ma commande.
Quelques minutes plus tard on me sert mon plat, ça a vraiment l’air bon, je saisie mes baguettes et commence à manger...et réalise que j’aurais du écouter la serveuse.
Nom de dieu, j’ai la bouche, la gorge, les lèvres, et l’estomac en feu comme je l’ai jamais eu avant, des larmes commencent à couler de mes yeux, les cuistots sortis de la cuisine pour voir ma tête ont bien raison de sourire cette fois; à moins qu’ils auraient spécialement forcé sur la dose de piment rouge en mon honneur? Je me force à manger la moitié du plat et déguste vraiment, Fred se marre bien, mais rira bien qui rira le dernier... C’est le tour de son plat d’arriver, il ouvre son tube de bambou et les premiers éléments qui sortent sont des pattes et des griffes de poulet, il n’aura quasiment que des os avec quelques bouts de viande à sucer dessus et quelques marrons, il fait déjà moins le malin...
Tous deux dégoûtés par notre mésaventure, on se dirige vers le supermarché acheter de quoi finir de manger, j’achètes un nouveau dvd et serai encore dégoûté de sa qualité...décidément il a des jours comme ça...
Vendredi 20 mai :
Debout à 6h30 pour être à l’heure au boulot, je prend l’habituelle douche écossaise, l’eau passe du brûlant au glacial sans qu’on ne puisse rien faire...encore une chinoiserie.
Il y a un phénomène étrange ici, la barbe les cheveux et les ongles poussent beaucoup plus vite, je n’ai pas d’autre choix que de me raser tous les jours et de me couper les ongles tous les 2 jours. Fred confirme ce phénomène. J’avale 2 beignets et un verre de jus d’orange et saute dans le bus. Le détail du jour sur le trajet, dont je vais parler, sera ces espèces de ghettos en préfabriqué et très vétuste et précaire qu’on trouve partout sur les terrains vagues à proximité des buildings en construction, dans lesquels s’entassent des centaines de travailleurs en provenance des provinces reculées de la Chine, ils constituent des sortes de mini villes à l’intérieure de la ville; le confort, le luxe et la modernité de la nouvelle Chine n’est pas réservé à tous le monde...
Xu Hui est de retour, il reprend le dossier en main et ne fera aucun commentaire sur mon travail. Je lui présente ma première traduction et lui annonce que les autres sont trop difficiles pour moi, il me dit que ce n’est pas grave mais ne me donne rien d’autre à faire, il a l’air particulièrement occupé...
Me retrouvant sans rien à faire je décide d’aller voir ou en ai l’évolution de mon visa, cela ne semble pas simple...je commence à croire qu’il va falloir vraiment que j’aille faire un saut à HongKong au mois de juillet...Mais après quelques coup de fil, on m’informe qu’une secrétaire ira avec moi lundi au commissariat faire étendre la durée de mon séjour de 3 mois; Sauvé! Je ne me ferais pas expulser.
Je n’aurais pas fait grand-chose aujourd’hui...En quittant les bureaux je m’arrête voir Chen Wei, elle m’offre une sorte de gâteau traditionnel, fait main par sa maman, accompagné d’un petit mot, je la remercie et décide de l’inviter à la pendaison de crémaillère de notre appart demain soir, elle a peur d’être la seule chinoise et de ne rien comprendre...Je la rassure à se sujet et elle accepte finalement volontiers.
Pour le retour je décide d’essayer l’autre ligne de bus qu’on m’a conseillé, c’est un bus d’une autre catégorie, plus confortable, avec air climatisé, et beaucoup moins de monde, cependant je ne comprend pas, le prix reste le même.
Seulement après un moment je réalise que le bus ne m’amène pas tout à fait là ou je dois aller, je décide d’attendre encore un peu au cas où ça ne serait qu’une boucle mais le bus m’éloigne de plus en plus. Je descends donc à l’arrêt suivant et commence à revenir sur mes pas, je suis pas tout à fait sur de la direction à suivre, j’essaye de me repérer par rapport aux grattes ciel, il me semble presque être perdu mais nullement inquiet cependant...
Je me retrouve tout d’un coup submergé par une foule de chinois, seul blanc au milieu de cette masse asiatique j’ai l’impression d’être le héros d’une version chinoise du film « Lost in Translation ». J’observe la foule, les chinoises seraient assez jolies finalement, la foule m’observe également, les filles restent souvent me fixer, très rares sont celles qui osent un sourire et difficile de deviner à quoi les gens pensent lorsqu’ils me regardent...Je continus mon chemin malgré tout, pour la première fois de ma vie j’ai vraiment une raison valable de me sentir différent.
Cela fait exactement 1 semaine et 2h que je suis en Chine et je me sent bien, Les quelques doutes concernant ma survie se sont envolés, mon séjour longue durée d’immersion dans l’empire du milieu est bel et bien lancé.
J’ai une multitude d’idées, d’envies, de questions, il y a tellement à voir, à faire, à comprendre...car énormément de choses m’échappent ici, mais ça ne sera qu’une question de temps avant que je les comprenne.
Cependant un sentiment étrange sommeille au fond de moi, j’ai l’impression d’être une sorte de caméléon, de pouvoir m’adapter et de me sentir à l’aise presque partout ou je vais sur cette planète, mais d’être chez moi nul part, je ne suis plus français, je ne suis plus européen, je ne suis pas islandais et encore moins chinois, je suis tout simplement humain, un terme qui sert à désigner plus de 6 milliards d’individus sur cette planète mais dont seulement une minuscule poigné mériterait vraiment d’être appelé ainsi. Une profonde frustration m’envahie, je cherche à comprendre, Qu’ai-je donc fait de si terrible pour ressentir un tel malaise lorsque je me trouve en France!?!? Et d’ailleurs, quelle est la cause de ce malaise?! Je me suis posé tellement de fois cette question, sans jamais parvenir à trouver une réponse concrète.
Quelques temps plus tard je parviens finalement à retrouver mon chemin. Arrivé à l’appart, je goûte le gâteau de ChenWei, ce n’est pas terrible, c’est une sorte de pâte de riz gluant, je m’arrête et vais le jeter lorsque j’arrive au cœur, je ne sais pas ce qu’il contient et ne préfère pas le savoir car ça a vraiment mauvais à mon goût. Je ne lui en voudrais pas, c’est l’intention qui compte et j’aurais fait l’effort de goûter.
La soirée starwars vient de tomber à l’eau. Ce soir Fred et moi décidons d’aller manger au KFC en terrain connu, hier soir nous avons eu notre dose d’aventure culinaire pour la semaine, on achète quelques dvds sur le chemin du retour puis je met à écrire...
Je viens de terminer d'écrire, nous sommes samedi 21 mai il est 2h04 du matin.
Prochain article: la vie nocturne le weekend au cœur de Shanghai.